La journee type a la Nirvana Farm

Nous voila au Japon, mais avant de s'y consacrer totalement sur le blog, nous allons rattraper notre retard et finir de vous raconter nos peregrinations indiennes. Commencons aujourd'hui avec le travail a la ferme de Manju et Malidam...


Le jour se leve tot en Inde, vers 5h le soleil commence a faire son apparition et nous avions l'habitude de nous lever a 6h! Le temps d'emerger et de prendre notre petit dej "clandestin". Eh oui en Inde, le petit dej ils ne connaissent pas. Pour se mettre en forme ils prennent une mini tasse de tchai (on est loin de nos mugs ou bols remplis a ras bord) et avec ca il faut tenir jusqu'a l'heure du dejeuner (10h30!) donc les dernieres semaines, on s'est achete du pain de mie et on le tartinait de Nutella, ce qui permettait de se motiver pour la journee de travail qui nous attendait.

Le travail commencait a 7h, Jan etait charge de ramasser les "gober" autrement dit les bouses de vache pendant que Claire s'occupait de la litiere des chevres. Cela consistait a enlever pipi, caca, restes d'herbe non mangee apres avoir sorti les chevres.

Petite precision, la piece pour les chevres etait a l'interieur de la maison de Manju et Malidam, juste a cote de la cuisine.......

Ensuite on s'attelait a des taches diverses jusqu'au dejeuner. La vaisselle a ete une de nos activites regulieres pendant les premieres semaines. Nous avons donc appris a nettoyer avec...du sable!! Et ca marche! Par contre avec l'eau froide, difficile de recurer le lait que Manju a fait bouillir et rebouillir dans sa casserole. On a use beaucoup d'huile de coude!

Pendant deux a trois semaines nous avons egalement fait beaucoup de desherbage autour des arbres du verger, il y avait de quoi faire. Arrachage a la main (nos gants de travail en cuir nous ont ete tres utiles) de longues fleurs jaunes assez robustes par endroit, heureusement sans epine. Il n'empeche qu'a force de tirer sur ces mauvaises herbes, Claire s'est froisse un muscle au niveau des cotes: et un probleme en plus!!! Il a heureusement disparu juste avant notre depart.

Ensuite on a encore desherbe, mais cette fois-ci de l'herbe qui se trouvait au niveau du sol se trouvant a l'avant de la maison.

D'ailleurs ils faisaient des distinctions assez etranges entre bonne herbe et mauvaise herbe, alors que tout nous semblait une herbe plutot acceptable... Mais le plus etrange fut le desherbage de la luzerne!? Ce jour-la on s'est dit qu'ils avaient plus rien a nous faire faire pour qu'on en vienne a arracher les herbes qui poussaient au milieu de la luzerne, alors que depuis 2 semaines ces herbes semblaient parfaitement convenir aux vaches...franchement quel interet?

Puis, venait le dejeuner, a 10h30 en regle generale mais parfois a 10h, 13h ou 14h selon l'humeur de la maitresse de maison. On a meme mange (ou plutot fait semblant) le dernier jour a 9h30... Avec le recul on se demande comment on a pu engloutir 5 chapati a nous deux comme sur la photo... C'etait le debut, et on etait encore motives (et inconscients!).

On reprenait ensuite le boulot, ce qui n'est vraiment pas agreable au niveau digestion car on fait un travail physique sous la chaleur et avec l'estomac rempli..... Enfin eux ils engloutissaient leur repas en 5 voire 10 min alors que nous c'etait plutot en 30 voire 45 min, ils nous regardaient d'ailleurs d'un oeil etrange, en venant demander si on avait fini, vous connaissez la lenteur de Jan pour manger :-) On prenait notre temps non pas pour apprecier les "succulents" repas mais pour dire de souffler un peu! Et sur la fin, c'etait plutot la difficulte a ingurgiter les chapatis qui nous ralentissaient dans l'absorption du repas.

On s'arretait pour la pause du midi, au debut a 12h jusque 16h, puis tout a coup on avait plus le droit qu'a 2h de pause, et au final on s'arretait a 12h pour reprendre a 15h. En gros, c'etait extremement variable, ils nous rappelaient parfois a 14h pour les aider a transporter du sable afin de preparer du ciment, car celui-ci ne pouvait pas attendre trop longtemps.

Il arrivait aussi a Jan de devoir preparer une mixture a base de terre, d'eau et de bouse de vache qui etait ensuite enduite sur les murs de la future nouvelle maison de Malidam et Manju qui cette fois-ci sera en dur (on n'aura plus l'impression de se trouver devant la maison du premier des trois petits cochons).

La meteo influait egalement sur nos horaires: l'arrive imminente de la pluie precipitait la reprise, mais parfois, a l'inverse, Malidam nous renvoyait a notre chambre jusqu'a 17h s'il jugeait que le soleil tapait trop fort. Mais l'humeur du jour etait aussi un facteur important...

L'apres-midi etait generalement consacre aux memes taches qu'au matin, donc rien de bien palpitant. Sauf que vers 17h on s'occupait de trancher l'herbe que Manju et son employee Santra nous ramenait, grace a une machine hyper moderne!! On allait ensuite la mettre dans les mangeoires de chaque vache, une infime partie allant aux chevres. Precisons que pour les besoins de la photo, Jan est seul a tourner la machine, mais les deux actions d'enfourner et de couper sont simultanees :-)

En parlant de Santra, precisons qu'il s'agit d'une villageoise du coin qui travaille regulierement avec la famille. Elle est cependant loin d'etre consideree comme leur egale. Pas question pour elle de penetrer dans la maison: elle restait toujours a l'entree, du cote de l'etable des chevres. De plus, lorsque l'on buvait le tchai, elle devait nettoyer sa tasse elle-meme. Un jour, Jan a cru bien faire en prenant sa tasse pour la laver lui-meme avec le reste de la vaisselle, mais Manju lui a immediatement pris des mains pour la balancer a Santra avec un air un peu irrite!

Enfin, Santra avait la facheuse habitude de dire "Jan, Namaste!", en ignorant parfaitement Claire, a qui ca a beaucoup plu, vous vous en doutez! Il faut d'ailleurs vous preciser que les indiens ont beaucoup de mal avec les prenoms occidentaux. Durant la premiere semaine, ils nous interpellaient simplement en disant "hello"! Il a fallu attendre que Jan insiste aupres de la petite Nitu pour qu'elle l'appelle par son prenom, pour que les parents s'y mettent aussi quelques jours apres. Par contre, ca n'a pas aussi bien marche avec Claire. Si Nitu a fini par la rebaptiser Kalaya (trop dur le "R"), les parents se sont limites a s'adresser a nous deux en interpellant uniquement Jan.

Les deux dernieres semaines, lorsque la mousson a commence a demotiver Manju et Malidam, nos taches ont legerement evolue vers une activite principale: les animaux. Nettoyage le matin comme d'hab pour Jan et Claire, et ensuite on passait notre journee a couper a la serpe les differentes herbes pour les vaches.

Eh oui elles avaient droit a des repas varies et qui semblaient tres bons (contrairement aux notres), on avait meme l'impression qu'elles passaient leur temps a manger, elles avaient a peine fini de manger un truc, qu'on leur en apportait un autre, c'etait fou! En consequence on coupait de la luzerne, puis de l'herbe et enfin des grandes tiges (deux sortes differentes) mais on ne sait absolument pas ce que c'etait....Mystere indien!

On ramenait ensuite l'herbe vers la machine a couper (voir plus haut), mais on vous rappelle que la brouette n'existe pas ici : on ramene tout sur la tete!

Le soir Jan s'occupait de nouveau des bouses tandis que Claire s'occupait de preparer la nouvelle litiere pour les chevres, il lui fallait tamiser la paille pour en recupere la poussiere (qui la faisait d'ailleurs fortement eternuer:-)) qui servait de litiere aux chevres.

Il lui est arrive egalement, au debut (avant que la degradation temporaire des relations ne l'eloigne des fourneaux), d'aider Manju a la preparation du souper, dans la realisation des fameux chapatis. Au debut elles le faisaient a deux, puis Claire preparait seule la pate a pain, c'etait d'ailleurs assez sportif, notamment quand il fallait petrir la pate a cote du foyer!!! Il faisait chaud! Apres avoir prepare la pate il fallait la separer en petites boules, qui etaient ensuite etalees sur un petit support en marbre a l'aide d'un mini rouleau a patisserie, puis cuites sur une poele en fonte et posees pour terminer devant les braises ou elles gonflaient....avant que Manju ne les aplatisse vigoureusement les unes contre les autres. Ah, la douceur indienne...

Petite anecdote concernant la cuisine, les indiens ont une notion tres speciale de l'hygiene. A savoir on n'entre pas dans leur maison en tong, meme si c'est de la terre seche sur le sol ; mais ca ne derange pas Manju, pendant qu'on prepare le souper, de se faire mettre de la poudre sur le dos par sa fille ou encore de se gratter le dos avec une louche avant de la ranger sans la nettoyer..... Bon Appetit!

Pour finir, si le soleil se leve tot, il se couche tot aussi! Ainsi le repas du soir etait pris dans l'obscurite presque totale, a la lueur d'une lampe de poche en position veilleuse... Ils seront surement tous aveugles a 40 ans! Donc fin de la journee de travail vers 19h (le soleil commence a se coucher), repas vers 20h dans le noir, et direction la chambre ou l'on tentait de prolonger la soiree a la faible lueur des bougies que nous avions achetees a Chomu, etant donne l'absence d'electricite. Jan, pour sa part, etranger aux difficultes du sommeil, s'endormait souvent comme un bebe (trempe de sueur et engonce dans sa moustiquaire, bien sur) quand Claire tuait le temps avec des cartes a jouer, en plissant des yeux pour arriver a les reconnaitre...